Somos dos desayunos
Les "subtilités" d'une langue…
… Suite à notre aventure de la soirée précédente
, (carte blanche n°3) où Maurice Tillieux, installé à une terrasse de café à Lourdes, rédigea le texte derrière une magnifique carte postale représentant le portrait de cette gentille et chétive “Bernadette Soubirou” … qu’il posta à l’intention de “Charles Dupuis” ; notre éditeur de Marcinelle ! Une belle soirée !!!
Après une nuit à l’hôtel, encore mal remis et ayant toujours mal aux mâchoires tellement j’avais rigolé avec ce texte ; à 10 heures du matin, nous repartions avec sa petite Alpha Roméo, en direction de l’Espagne par le col du Portalet, petite route d’une centaine de kilomètres traversant les Pyrénées et les forêts, passant aussi par des petites “cités d’eau”…
“Je préfère passer par ces coins où on verra du paysage que par l’autoroute mon p’tit François !” me dit Maurice ! …
“C’est vous qui conduisez monsieur Tillieux” dis-je en riant ! … J’avais emporté avec moi quelques cassettes de vieux blues et de bons vieux boogiewoogie au piano, qui, je savais, lui plaisait aussi ; je tins une radio-lectrice sur les genoux pendant tout le voyage ! …
Cheminant à travers la forêt, nous voilà arrivé à un petit bâtiment, poste frontière à l’entrée de l’Espagne, sur les hauteurs de la ville de Huesca !
Nous étions le seul véhicule à contrôler à cette heure-là et un des deux douaniers, mal réveillé, fit ouvrir le coffre de la voiture et vit mon “attaché-case” contenant du matériel de dessin et quelques planches de bédé.
En vacances, on emporte toujours un peu de boulot avec nous pour se donner bonne conscience !
Et ce brave douanier, plongeant ses mains dans mes planches, les retira aussi vite en hurlant, un petit porte-plume planté dans son vieux index droit ! AAAH SANTA VIRGEN ! (je crois) …
Et là, Maurice intervient : “Laisse mon p’tit François, je connais un peu l’espagnol ! Et là, flegmatique, cigarette à la main expliqua : “Heu… hem… señor, ! señor ! … so … somos dos desayunos !!!, … Ce fut simple, mais un peu interloqué, le douanier nous fit signe de passer “vamos!” …
“Tu vois, mon p’tit François, c’est aussi simple que ça” ! me dit Maurice, en descendant la route vers Huesca où nous avons été boire un coup ; Tillieux demanda “dus cerveze”… et là, le garçon nous apporta 2 cafés … ” Oui, je crois que je n’ai pas le bon accent !” me dit Maurice en rigolant ! … passant par la Sierra Nevada et la ville de Teruel ayant beaucoup souffert pendant la guerre de 1936-39, nous sommes arrivés, fin de journée à Javéa, après avoir traversé une grande partie de l’Espagne, nous avons passé la soirée chez “Maximillien Mayeu” dit “Sirius” (scénariste de plusieurs Natacha) ! …
Et là, autour d’une bonne table, Maurice raconte notre aventure au passage de la frontière espagnole, à Jeanne et Yvonne, l’épouse et la fille de Sirius, qui éclatèrent de rire ! …
“Tu sais ce que tu lui as dit, s’écria toute la famille !
“Nous sommes deux petits déjeuners” … ha! ha! “Desayunos” ha! ha! il fallait dire “dibujantes, ça, c’est dessinateur” : Somos dos dibujantes et pas “somos dos desayunos” ha! ha!
Le douanier dû se demander ce qui lui tombait dessus ! … … et là-dessus, nous avons passé une agréable soirée dans la chaleur de la cour, entourée d’énormes agaves cachant un peu l’admirable maison de l’ami Max, accrochée et à moitié creusée dans la roche. Un paysage à couper le souffle !
J’ai eu beaucoup de chance de connaître tout cela !
François Walthéry