Matériel et réalisation d’un album avec Tillieux.
Quel matériel j’utilise ?
Bonjour, question technique ici !
Ah, le matériel que j’utilise est simple ! En fait, je n’ai pas du tout ce qu’on utilise souvent maintenant: tablette, ordinateur et tout une armada électronique.
Je n’en suis pas capable, c’est tout. Et j’ai un peu passé le temps à m’occuper de tout ça… j’en suis resté à l’”ancienne”, comme on dit, pour ce qui ne veut rien dire du tout.
Car à la base, il faut tout de même être capable de dessiner “à main levée”, quels que soient les objets utilisés.
Bien moi, c’est le papier à dessin de marque “Shoeller Hammeur” de 150 grammes ou 350 grammes.
Sans les marges, le dessin se fait dans un format de 31 cm de large sur 41 cm de hauteur, coupé en deux ! Pourquoi ?
C’est plus facile à utiliser et à manipuler. Le demi-format, alors, est en fonction de la grandeur des cases pour les besoins du scénario : soit une image ou deux ou trois (parfois quatre …) sur la même bande en fonction… je me répète … du découpage de l’histoire…
Alors là, je crayonne toute la page planche avec des mines H2 Staedler Mars (c’est la marque).
Après quand le crayonné est terminé. Je fais, sur une autre feuille de papier “Shoeller”, la photocopie du crayonné en bleu cyan pour ensuite la passer à l’encre de Chine, “Pélikan”.
De cette façon, on garde et on n’efface pas à la gomme le crayonné, qui m’a tout de même pris deux jours de travail.
L’encrage avec une simple plume à profiler de celle qu’on peut acheter dans les papeteries, celle incluse avec le porte plume en bois ou en plastique, c’est simple.
Pourquoi pas le pinceau ?
Parce que pour moi c’est trop souple. Je préfère la plume, c’est plus dur et ça accroche mieux. Tillieux utilisait la plume pour ces raisons-là aussi.
Avant, il y avait une plume anglaise qu’utilisait André Franquin. Je ne sais plus si on la trouve encore, c’était de la marque anglaise “Sommerville”.
Voilà, j’espère avoir été assez clair.
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Comment réalise-t-on un album avec Tillieux.
Au niveau technique avec Maurice Tillieux qui avait conçu pour les aventures de Félix pour le magazine “Héroïque album” dans les années 1950, une flopée de scénarios qui ont été repris et transformés plus tard pour les “Tiff et Tondu” de “Will” et “Jess Long” de Arthur Piroton et bien d’autres, dont moi avec “Un trône pour Natacha” et le “13ème Apôtre”.
Je disais : “Scénarios allongés et transformés par ses soins” !
Quant à moi, ce fut une autre technique. C’est moi qui recomposais et rajoutais des séquences sur le scénario initial de Maurice… et, bien sûr, j’allais chez lui toutes le semaines (à Overijse – Notre Dame du bois) pour lui montrer mes petits croquis et mes propositions de découpage de l’histoire écrit jadis et dessinés par lui. !
“Natacha” prenait la place de “Félix” en quelque sorte. Là, Maurice “jugeait”, corrigeait et ajoutait des petites séquences et des petits croquis “exemples” et validait mon pré-découpage.
Il forçait l’action de la planche en terminant celle-ci par l’image “suspense” de fin de page donc. Ceci permet d’inciter le lecteur à tourner la page pour connaître la suite.
Technique déjà mise au point par Hergé dans “Tintin et Milou” que tout le monde connaît.
C’est en fait un système simple apparemment qui permet de rendre le récit et l’histoire clairs, faciles à lire et à comprendre.
Pour revenir à Maurice, en plus de cela, il ajoutait aussi pas mal de jeux de mots dont il avait le secret !
“Aventure et humour, mon petit François” ajoutait-il. “Il ne faut pas ennuyer le lecteur” !
Je dois dire qu’avec lui, ceux qui dessinaient ne s’ennuyaient pas beaucoup. Quel gars formidable ce cher Maurice. Ne pas l’avoir connu, c’est un peu se passer de quelque chose !!!
Voilà !
François Walthéry